Conseil Municipal du 05 Décembre 2016 : Intervention de Patrick Coronas

Puisque nous devons revoter la délibération du 23 Septembre 2013, j’ai logiquement été recherché l’intervention que j’avais faite au nom du groupe Communiste à l’époque. Je vous la rappelle aujourd’hui en y apportant quelques précisions

La délibération sur laquelle nous devons nous prononcer porte sur la vente partielle du bâtiment de l’ancien Théâtre.

Pour prendre notre décision en conscience, et je pense que l’ensemble des élus que nous sommes ici vote en conscience, nous devons nous poser une question :

Est-ce une bonne décision ? Mais pour savoir s’il s’agit bien d’une bonne décision, il faut se rappeler nos objectifs dans la politique culturelle municipale. La culture est le premier budget de la Ville et ça, depuis longtemps. Pour 2013, 27% du budget soit plus de 21 millions d’euro et 1,6 millions d’euro d’investissements sont consacrés à l’action culturelle. En 2016, je rappelle que c’est toujours le premier budget de la ville à 25.6 millions d’euros et 6.3 millions d’euros d’investissement. Cette somme est destinée à une grande diversité de lieux de culture, de pratiques culturelles et d’acteurs de la culture publics, associatifs et privés.

Ces choix financiers – et donc politiques – sont assumés par la majorité car nous considérons que ces dépenses participent à un de nos objectifs politiques majeurs : l’accès à la culture pour tous comme spectateur et/ou comme acteur. L’ambition démocratique du partage des œuvres et des pratiques artistiques, d’une appropriation populaire doit être le guide de notre action culturelle. C’est pour nous l’essentiel. Une municipalité doit y participer et apporter sa pierre à la construction tout au long de la vie des savoirs qui permettent l’émancipation de chacun.

Cette politique se traduit par :

– la multiplication des acteurs, des créateurs soutenus. En, 2016, les subventions dans le domaine culturel ont globalement augmentées de 0.2% cette année malgré le contexte budgétaire

– multiplication des lieux de culture dans toute la ville (10 maisons de quartier, sites du conservatoire, réseau de la médiathèque, Confort Moderne, Espace Mendès France, Musées, TAP, Dietrich…)

– une politique tarifaire par le quotient familial

et comme ces efforts sont nécessaires mais pas suffisants pour une démocratisation de la culture :

– par un travail de médiation comme « les petits devant les grands derrière » ou les « orchestres dans les quartiers » permettant au jeune public loin des pratiques culturelles d’y accéder.

Mais, malgré cela, nous ne nous satisfaisons pas du fait qu’encore tant de Poitevins restent éloignés des offres culturelles. L’appropriation de l’offre culturelle est encore trop faible en particulier par les Poitevins qui, pour diverses raisons, pensent que ce n’est pas pour eux.

Qui va au TAP auditorium, théâtre et cinéma ? Qui fréquente les salles de spectacle ? Qui inscrit ses enfants aux Beaux-Arts ou au Conservatoire ? Ce sont des questions qu’il faut se poser.

La question de l’émancipation par la culture – qui est pour nous la question essentielle – passe-t-elle par la création (ou le maintien) d’un lieu supplémentaire de grande taille ?

De nombreux lieux mériteraient rapidement une dynamique de rénovation et pourraient jouer alors un plus grand rôle et tout du moins avoir une meilleure visibilité plus en rapport avec la qualité de leurs activités, je peux en citer en en oubliant certainement :

-La Maison du Peuple

-La Maison Bloch, projet qui devra bien voir le jour.

-L’Espace Mendès-France

-Zoo Prod

-Les Salons de Blossac (que nous avons depuis complètement rénové et rendu accessible pour 1.7 Millions)

-La Chapelle Henri IV

– Le Confort Moderne (en cours de rénovation pour 3.5M d’euros)

-Les maisons de quartier

– Le Musée Sainte-Croix (200 000E pour l’accueil comme cité dans les MAPA)

L’ensemble de ces lieux devront subir des travaux de rénovation (et les projets sont déjà en cours pour certains), de transformation pour continuer à accueillir le public dans les meilleures conditions. Nous considérons que la réflexion ne doit plus se faire site par site mais que nous devons construire une vision globale des lieux, acteurs et pratiques culturels de notre Ville tout en conservant des potentialités pour des projets futurs. Nous regrettons ici que, lors de la construction du nouveau TAP, aucune réflexion n’ait été menée à ce moment sur l’avenir de l’ancien bâtiment. Quand on construit un nouveau bâtiment qui remplace les fonctions d’un ancien bâtiment, il faut immédiatement se poser la question de cet avenir. C’est le pourquoi d’un schéma directeur immobilier aujourd’hui en marche.

C’est dans ce contexte large à l’échelle de tout le territoire de la ville que se pose la question de l’avenir de l’ensemble de nos bâtiments et donc sur celui de l’ancien Théâtre.

Cette décision doit faire partie d’une vision plus large et d’une dynamique culturelle qui doit se projeter sur les prochaines décennies.

Notre ville a déjà un théâtre et un auditorium de qualité internationale tant sur le bâti que sur la programmation ce dont on peut se féliciter pour une ville de 90 000 habitants d’un coût de 57 millions d’euro à la construction et 2,1 millions de subvention annuelle, sans compter les

frais de propriétaire, 400 000 €/an. (TAP aujourd’hui à Grand Poitiers mais toujours payé par Poitiers)

Avons-nous besoin pour remplir nos objectifs politiques dans le domaine de la culture et en particulier la diffusion vers de nouveaux publics d’un autre lieu et au centre-ville ? Nous ne le pensons pas.

Nous pensons que les efforts doivent se porter vers 4 domaines :

– le maintien du réseau actuel (et il a été maintenu, voir développé. On peut penser au Cinéma d’art et essai qui a vu sa fréquentation augmenter considérablement)

– la mise en état de ces différents lieux pour qu’ils puissent jouer pleinement leurs rôles (reconstruction du confort moderne, accessibilité du Musée Sainte Croix, création des réserves muséales, etc .)

– une cohérence entre lieux, acteurs et publics,

– et un effort encore plus important de médiation culturelle qui nécessitera des moyens humains.

Nous le redisons, malgré tous les efforts déjà faits, nous sommes loin du compte.

C’est cette question que nous souhaitons voir développer. Ce sont ces actions qui doivent bénéficier d’un effort financier. Aujourd’hui comme à chaque Conseil municipal, nous devons faire des choix responsables en tant qu’élus.

Nous considérons que conserver le Théâtre, le rénover et faire fonctionner une nouvelle structure théâtrale (je rappelle que depuis 2008 le Théâtre était un cinéma 1 salle) d’envergure dans le centre- ville et ce sans nouvelle augmentation des impôts et avec une dotation de l’Etat qui stagne désespérément depuis le début de notre mandat quel que soit le gouvernement, ne pourrait se faire qu’au détriment d’autres budgets ou au détriment d’autres actions culturelles. (Cette partie s’assombrit considérablement puisqu’entre temps, l’austérité s’est renforcée et les perspectives ne sont pas encourageantes)

Nous considérons qu’en matière d’investissement, l’urgence et l’indispensable est la rénovation des écoles (37 Millions dans le PPI), des crèches (comme pigeon vole) et des maisons de quartiers. Nous considérons qu’en matière de fonctionnement, tout en soutenant le budget de la culture avec les orientations qui sont les nôtres, l’urgent et l’indispensable est de continuer à augmenter le budget du CCAS et celui des maisons de quartiers, d’améliorer la qualité des remplacements des ATSEM et dans les crèches. Nous devons faire des choix.

Depuis 3 ans, les budgets vont dans ce sens et nous devons continuer.

Pour notre part, nous voterons cette délibération.

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