Je voudrai profiter de cette délibération sur les taux pour parler de l’avenir de notre EPCI Grand Poitiers. Voyez cela, chers collègues, comme mon testament politique, mes derniers vœux de réussite, mon au revoir à cette assemblée, ce conseil communautaire étant mon dernier. Voyez cela non comme une leçon (ça, c’est pour mes élèves) mais comme un espoir et peut-être une alerte. Je pourrai ensuite aller cueillir des fraises ou éventuellement faire cours à des élèves en fonction des prochaines décisions ministérielles.
J’ai déjà eu plusieurs fois l’occasion de vous dire mon idée et mon image de ce que devait être notre communauté urbaine. Une communauté, c’est un ensemble de communes qui sont regroupées (de gré ou de force, je vous l’accorde) et qui travaillent et vivent ensemble. C’est dès lors une entité à part entière dont les membres partagent un projet et des objectifs.
Nous avons voté un projet de territoire, nous nous sommes dotés d’un plan climat air énergie territoire, d’un schéma directeur des énergies ou nous dessinons ensemble notre futur réseau de déchetteries pour ne citer que ces quelques exemples
De gré ou de force, comme je l’ai dit, que nous l’ayons voulu ou pas, nous sommes désormais ensemble et cela implique un certain nombre de conséquences.
Être en communauté signifie que nous nous devons une solidarité inconditionnelle : L’intérêt général, celui de l’ensemble doit primer l’intérêt particulier. C’est cette exigence qui a fait que nous avons accepté l’augmentation des taux des taxes pour nos habitants de l’ancien GP13 par exemple. C’était dans l’intérêt de notre plus grand collectif que cela se fasse.
Cela implique également que chacun joue pleinement son rôle d’élu communautaire. Que nous le comprenions ainsi et non comme uniquement un à-côté de notre mandat municipal. Je le dis en ayant bien conscience que notre mandat de conseiller communautaire n’est qu’une conséquence de l’élection municipale; que c’est donc de notre ville que nous tirons tous notre légitimité démocratique (pour l’avenir, il faudra bien un jour que cette anomalie soit corrigée)
Ici nous sommes donc des élus de GPCU et nous devons penser Grand Poitiers, ne pas rester uniquement des représentants de l’intérêt de notre commune, malgré ce que j’ai dit plus haut. peut-être en faisant des groupes politiques, en permettant plus de collectif, avec des bras droits (et des mains gauches) avec des moyens permettant d’exercer son mandat. Il est vrai que de trop long échanges pictavo-pictaves ont émaillé notre assemblée mais nous ne pourrons pas construire un avenir en commun en restant de simples élus municipaux. Nous ne devons pas nous servir de Grand Poitiers quand le collectif nous arrange et le critiquer quand cela nous sert localement ; comme si les décisions prises ici n’étaient pas nos décisions d’élus dans l’intérêt général. On peut d’ailleurs faire un parallèle avec l’Europe, avec nos hommes politiques qui critiquent à Paris, les décisions qu’ils ont voté, eux-mêmes (ou leur parti) à Bruxelles.
Ainsi lorsque la crise épidémique nous conduit à modifier les services de collecte et traitements des déchets pour assurer la sécurité des habitants, des salariés et la salubrité publique en période de confinement et d’état d’urgence sanitaire, ces choix sont évidemment techniques mais, puisqu’ils engagent l’organisation du territoire, surtout politiques. Donc si d’aucuns veulent les critiquer, il faudra qu’ils prennent l’habitude de ne pas s’en prendre aux services mais d’en parler aux élus en charge, seuls responsables. Les agents, eux, ont fait leur maximum, voir plus.
Ensuite, si solidarité inconditionnelle il doit y avoir, elle passe par la responsabilité. On peut demander à cors et à cris la réouverture de telle ou telle déchèterie car cela serait un scandale qu’elle ne soit pas encore réouverte. Cela serait acceptable si le site n’était pas hors norme depuis bien longtemps avec des murs qui tombent et une absence de récupération des effluents (autant d’éléments qui auraient dû conduire à une fermeture depuis longtemps). La solidarité communautaire ne peut pas consister à faire ce qui n’a pas été fait pendant des années car là en tant que citoyens je ne vois aucun intérêt communautaire qui justifie l’utilisation de mes impôts et taxes.
La prochaine assemblée aura toute liberté de prendre de nouvelles décisions. Mais je sais une chose, elle ne pourra pas se permettre financièrement de maintenir des sites que dans nos anciens EPCI (et chacun a sa part) nous n’avions plus les moyens d’entretenir. Être ensemble nous rend plus fort, nous donne plus de moyens mais pas les moyens de maintenir des sites hors d’âge, hors normes ou de faire croire que ces fermetures sont du fait de Grand Poitiers.
La volonté de construction et de solidarité nous a amené à ne pas faire de listes de ce qui n’allait pas pour bâtir des projets communs. Finalement, de fermer les yeux, pour mieux prendre un nouveau départ. Cependant si certains pensent que Grand Poitiers est responsable d’une situation qu’ils trouvent anormales, il faudra alors tout mettre sur la table.
Pour citer Claude Rich dans les tontons flingueurs :
« Les manières y gagneront ce que l’affection y perdra! »
La clarté y gagnera ce que la solidarité y perdra.