Conseil Municipal du 20 Janvier 2020 : intervention de Patrick CORONAS

Au bout de 15 ans de mandat et 30 ans d’engagement politique, j’aimerai profiter de ce dernier conseil municipal de ce mandat pour faire un petit bilan (et j’ai toujours rêvé de faire mon éloge funèbre!!)

Le point essentiel est que l’on ne fait rien de bien sans persévérance ni fidélité et surtout sans les autres.
C’est pourquoi je tiens d’abord à remercier l’ensemble des agents des différents services de la collectivité qui m’ont accompagné et ont mis en oeuvre au service des Poitevins les politiques que nous avons décidées et votées. Sans leur compétence et leur travail, rien ne serait possible.

Je tiens également à remercier les autres élus de la majorité comme de l’opposition qui m’ont permis de progresser en tant qu’élu pendant ces 15 années que cela soit par la qualité des échanges et la confiance mutuelle ou à l’inverse par le refus de travailler avec moi (comme avec d’autres) ou par un dogmatisme obtus ce qui m’a appris à mieux réserver ma confiance et mon respect, moi qui au début de ma vie politique avais la crédulité de penser que tout un chacun respecter l’autre pour son travail sans jugement de principe. Enfin, c’est comme cela que l’on grandit et que la sagesse vous vient avec les cheveux et la barbe blanche et qu’à la lecture de Marx on ajoute celle des règles de Saint Benoit pour plus de sérénité.

Règle de fidélité par exemple car l’époque ne semble vraiment plus être à la fidélité. En 6 ans de mandat, en atteste l’article de presse de ce lundi, le bilan des départs et des regroupements d’élus est vraiment parlante. Edgar Faure avait bien dit que « ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent », il est sûr que dans la politique française comme poitevine, le vent n’a jamais autant soufflé que ces dernières années (il est bien dommage de ne pouvoir en faire une source d’énergie cela serait presque gratuit et inépuisable).
Et quelle souffrance ont aussi dû subir certains de rester 10 ans dans une majorité qui aurait laissé se fragiliser les quartiers,…Quelle souffrance…

Il est clair que la nouvelle politique n’a de nouveau que le nom et si le renouveau passe par le non respect des accords, la trahison, le mensonge et l’excès, je suis bien dans l’ancien monde.

De grands enjeux sont face à nous pour Poitiers et Grand Poitiers. Mais il faudra les assumer et y répondre avec les faits et la réalité.
Si il est admis que l’enjeu climatique est essentiel, c’est la sortie des énergies carbonées qui compte et qui devra guider nos actions politique.
Par exemple, sur nos marchés d’électricité, et j’avoue mon erreur sur ce point, ce sont les fournisseurs d’énergie décarbonée que nous devrions choisir et pas forcément les offres dites vertes. En effet, le solaire est entre 41 et 48 g équivalent CO2, l’hydroélectricité est à 24, l’éolien entre 11 et 12, le nucléaire à 12 (ce sont les chiffres du GIEC) et c’est bien à partir des faits et de la réalité que nous devons choisir, pas de nos envies.
De même, la relocalisation industrielle s’impose pour diminuer notre émission de CO2 liée aux importations et assumer sur notre territoire la pollution générée par nos activités et nos consommations. Et cela permettre aussi de relocaliser des emplois ce qui est plus qu’essentiel là aussi.
Sur les déplacements, la politique se fera sur Grand Poitiers et sur l’aire urbaine de Poitiers et devra permettre des déplacements bas carbone et à prix raisonnable aux habitants éloignés de leur lieu de travail et des services (CHU, Université, culture,…).
Sur l’habitat, le service public de l’habitat devra continuer à informer, accompagner et protéger les habitants pour leur permettre d’avoir un bâti le plus bas carbone possible. Service public de l’habitat à développer sur la base de notre Plateforme Acte.

Service public car on ne s’en sortira pas sans service public car la soi-disant nouvelle politique ne fait que poursuivre celle que l’on subit depuis les années 80, celle de la déconstruction de nos services publics et de la destruction et de la privatisation de nos champions industriels.

Ainsi le projet HERCULE dont si peu de personnes se saisissent vise au démantèlement d’EDF et nous conduira à des prix plus élevés pour plus de carbone au profit des énergéticiens privés.

Le démantèlement de notre pacte social lui aussi se poursuit depuis 40 ans. Cela nous conduit vers une société de violence, violence des relations sociales et violence des relations humaines. En témoigne ce qui se passe pour cette « réforme » des retraites agrémentée du côté gouvernemental par des non-dits, de faux semblants et de mensonges comme les fameux 1000 euros minimum de retraite pour tous… car il faut faire attention à la petite ligne d’explication en dessous, 1000 euros si vous avez toute votre vie cotisé au niveau du SMIC…

Le démantèlement de l’Education Nationale est lui bien entamé. En témoigne la chute importante et continue du nombre de candidats au concours d’enseignants (pas moins de plus de 10% cette année) qui montre que ce beau métier n’attire plus grand monde. Et ce n’est pas la réforme du baccalauréat mal préparée et mal anticipée tout cela au détriment des élèves qui va améliorer cet état des lieux.

Enfin le démantèlement de l’Université et de la recherche est lui aussi en marche avec la disparition des postes de titulaires qui vont être remplacés par des contrats de 3 ans (Voilà de quoi motiver des personnes qui après 8 ans d’étude et quelques années de contrat précaire se verront proposer … des contrats précaires). Il ne faudra pas être surpris du résultat.

Il y a donc beaucoup à faire encore et encore pour faire société. Rien n’est jamais fini ni acquis.

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